mercredi 13 avril 2011

Edito Transcom Info d’avril 2011: L’Europe: le meilleur des mondes ?



Au cours de ces dernières semaines, j’ai resongé plusieurs fois à un livre que j’ai lu l’été passé. Dans ‘Parmi les perdants du meilleur des mondes’, l’allemand Günther Wallraff se fait successivement passer pour un migrant noir et un sans-abri. En outre, il se déguise et va travailler dans un centre d’appel et auprès d’une boulangerie industrielle. Il s’informe aussi parmi des personnes directement concernées à propos du sort des membres du personnel de plusieurs grands restaurants, de ‘Starbucks’ et des chemins de fer allemands, pour conclure par un chapitre sur l’interdiction ou la neutralisation de conseils d’entreprise et de syndicats dans différentes entreprises. Un livre ne recherchant pas des situations extrêmes, mais visant à confronter le lecteur à des faits choquants se déroulant dans des circonstances – soi-disant – normales. Wallraff a écrit ce livre par frustration, parce que, contrairement à ses espérances nourries au début de sa carrière, le monde n’est absolument pas devenu plus humain ou plus équitable. Le message du livre est que nous nous vantons de vivre dans le meilleur des mondes, tandis que de plus en plus de gens se retrouvent en bas de l’échelle sociale. Le non-respect des salaires minimums, davantage de travailleurs pauvres et d’intérimaires, les économies faites dans le secteur public, l’âge de la pension relevé, la modération des salaires, … Ceci sont des mesures hallucinantes que Merkel veut transférer du livre de Wallraff vers l’Europe. A tout cela, notre réponse est très claire : NON. Nous n’avons pas mené notre lutte sociale durant 125 ans pour voir se dégrader l’ensemble de nos acquis. Les très bon chiffres présentés sur base de ce modèle allemand, glorifié par nos employeurs et par certains partis politiques, ne reposent que sur une énorme exportation. L’avantage concurrentiel des entrepreneurs allemands a uniquement été obtenu en modérant les salaires. La conséquence est que les pays atteints ont été cotés, voire montrés du doigt, par l’Allemagne. En regardant plus loin et en voyant clair dans ce jeu, l’on remarque que les chiffres du marché intérieur allemand sont nettement moins bons, que la demande des consommateurs est stagnante et qu’il y a une croissance d’inégalité et de pauvreté. Et c’est là que nous sommes pleinement confrontés à ce meilleur des mondes décrit par Wallraff dans son livre. 

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